Emmanuel Macron : Il faut en finir avec le corporatisme. La plupart des problèmes, qui parfois nous bloquent ce sont les corporatismes, les rigidités. Ce sont les corporatismes qui créent la défiance, qui bloquent la circulation des gens, qui bloquent l’accès à certaines catégories et à certaines professions.
Qui bloquent aussi l’innovation parce que ce sont la corporation en place, plus ou moins structurée, qui dit « moi je ne veux pas que vous ayez accès ou à mes informations ou à mon business model »; et elles préfèrent que collectivement on rate une étape plutôt que d’être fragilisé à court terme. Donc voilà les responsabilités messieurs, voyez c’est plutôt des responsabilités en regardant la réalité d’aujourd’hui en face mais en ayant une vision de long terme.
Gregory Lamotte : J’ai une question à vous poser à propos du marché de l’électricité. Aujourd’hui l’électricité va entrer en phase de révolution importante. Cela coûte de moins en moins cher de produire localement que de produire de manière centralisée.
Aujourd’hui, tous les acteurs économiques avec d’importants moyens de production centralisée vont se retrouver avec un outil de production qui est complètement inadapté.
Juste pour donner quelques chiffres, aujourd’hui l’EPR (Réacteur nucléaire de dernière génération) va produire à 11 c€/kWH après faudra le transporter 7c€/kWH, ça fait 18 c€/kWH alors que sur le toit de ce batiment on pourrait produire en autoconsommation autour de 10 c€/kWh.
Donc cela va changer complètement les modèles économiques. Cette révolution est déjà partie en Californie et en Australie. Ce phénomène va prendre des proportions importantes.
Il y a une loi de transition énergétique qui est déjà lancée, qui est une première étape assez modeste. Je voudrais savoir si vous aurez le courage, la capacité, dans votre feuille de route, de pouvoir toucher un secteur aussi sacro-saint que l’électricité en France, qui est quand même en terme de corporatisme assez bien loti.
Emmanuel Macron : Vous avez parfaitement raison.
On est entré dans un mode de production, d’ailleurs on ne propose plus de produire de l’électricité, ce sont des solutions énergétiques que l’on propose. Ce qui a de la valeur aujourd’hui, de plus en plus, c’est la capacité à réguler vos besoins énergétiques.
On apporte plus l’électron à la maison, c’est la solution, la régulation de votre propre environnement qui a de la valeur.
Et avec des modes de production qui sont beaucoup plus déconcentrés et des énergies qui entrent en effet dans le prix.
Elles entrent dans le prix, pourquoi ? Parce qu’on a produit en masse dans d’autres pays ces énergies renouvelables pour qu’elles soient moins chères et la loi de transition énergétique prévoit d’ailleurs ces déploiements.
Je pense que la clé pour aller plus loin aujourd’hui c’est quoi ?
Le risque, à mes yeux, avec cette nouvelle forme d’énergie, c’est que l’on fasse comme dans l’ancien temps c’est à dire que l’on veuille réguler le marché et que l’on donne des niches de régulations à des petits acteurs qui arrivent.
Parce que c’est cela qui arrive on ne va pas se raconter d’histoire. J’ai vu se jouer cela dans les coulisses lors de l’élaboration de certains textes. Moi je ne suis pas pour que l’on dise que j’ai donné un avantage à tel forme d’innovation déconcentrée. Non, je veux une plateforme ouverte, arrêter de créer des barrières donc vous avez raison ; le consommateur doit avoir plus de choix entre différentes formes d’énergies, il doit être beaucoup plus libre.
Il faut surtout qu’on ouvre les données, les régulations pour que les solutions les plus innovantes, les plus déconcentrées, les moins coûteuses est accès à leur consommateur final.
Toutes les idées que vous avez, je suis prêt à les regarder pour que l’on aille encore plus loin mais il y aura un volet, en effet, sur ce chapitre là .
Échange lors du lancement de la plateforme de concertation NOÉ, la base ayant permis de bâtir le mouvement « En Marche ».
Vidéo tournée au Ministère des finances.
La France connaît actuellement une crise majeure. Les causes sont multiples et souvent dissimulées sous plusieurs couches de reproches, difficile d’y voir clair. En réalisant un zoom sur les blocages actuels de l’énergie citoyenne il est possible de retrouver des pistes : Une approche trop technocratique ? trop centralisatrice ? trop corporatiste ? Comwatt s’engage. Vous le pouvez aussi.