L’immense majorité des experts internationaux considèrent que le marché de l’électricité va progressivement se diriger vers le « Net-billing ». Car ce modèle de fonctionnement des marchés permet de corriger tous les problèmes de pics, de creux et de prix négatifs que nous observons en phase de faible consommation, lors de la crise COVID 19 par exemple. La seule question qui reste sans réponse, c’est dans combien de temps ? Dans 2 ans ? dans 20 ans ?
Pour bien visualiser ce qui va se passer il s’agit de bien comprendre la différence entre « Net Metering » et « Net Billing »
Net Metering ; c’est quoi exactement ?
Quand un bâtiment produit davantage d’électricité qu’il n’en consomme, en cas de Net Metering, le réseau va faire comme si le compteur électrique « tourne à l’envers » et décompte cette surproduction de la consommation. Ce mode de fonctionnement est ancien et il est actuellement toujours en vigueur aux USA et dans quelques autres pays. Ainsi si le bâtiment produit 20 kWh à midi mais qu’il n’utilise que 5 kWh, alors le compteur décompte 15 kWh de la consommation et le bâtiment pourra utiliser cette énergie plus tard, le soir au moment des pics de consommation par exemple.
Ce type de fonctionnement est destructeur de valeur car le prix de l’électricité varie en fonction de l’offre et la demande. Ce modèle économique fonctionne comme si le réseau était une batterie parfaite, gratuite et infinie, ce qui est loin d’être le cas.
Prenons un exemple pour illustrer ceci :
Ainsi si à midi il y a sur-production d’électricité et que tout le monde produit, le prix de l’électricité est faible sur les marchés (par exemple 2 c€/kWh) alors que vers 19h, quand tout le monde consomme, le prix peut monter jusqu’à 30 c€/kWh (en hiver). Ainsi avec le Net Metering, dans cet exemple, le gestionnaire de réseau va perdre 30 – 2 = 28 c€/kWh à chaque fois qu’un bâtiment va stocker puis déstocker son électricité. C’est pour cette raison que ce modèle économique est destructeur de valeurs et n’a aucun avenir.
Une petite histoire croustillante :
Pour la petite histoire, il y a 10 ans, en tant qu’expert énergéticien défenseur du développement des ENR, nous avions proposé à la direction d’EDF et à la DGEC (Direction Générale de l’Energie et du Climat) de mettre en place le Net Metering en France pour favoriser le développement du solaire. EDF nous avait répondu « vous pouvez aller supplier le ministre et tous les députés, JAMAIS nous ne céderons là dessus, il n’y aura JAMAIS de Net Metering en France » la réponse nous à énormément fait protester sur le moment, mais nous avons bien fini par comprendre que cette réponse était très sage. Car c’est cette réponse qui a permis de créer Comwatt quelques années plus tard, pour favoriser le développement de l’autoconsommation solaire sans avoir besoin du Net Metering.
Net Billing ; quelle différence ?
A chaque instant, le marché indique à quel prix le réseau est capable d’acheter l’électricité. Si le réseau manque d’électricité pour alimenter ses consommateurs, le réseau augmente ses prix d’achat de l’électricité aux producteurs d’électricité pour les inciter à produire et à vendre davantage. Ces producteurs peuvent être une centrale nucléaire ou un particulier qui produit sa propre électricité.
En cas de surproduction le réseau baisse ses prix d’achat jusqu’à décourager les producteurs de produire (parfois le prix est même négatif). Ainsi chaque bâtiment solaire, est incité à vendre sa production quand l’électricité est achetée à prix élevé par le réseau, et va consommer sur place quand le réseau n’en a pas besoin et que le prix d’achat est ridiculement bas.
A la fin du mois, le consommateur reçoit une facture, avec des plus et des moins….et le bâtiment ne va payer que la différence entre ce qui a été acheté moins ce qui a été vendu.
L’objectif du bâtiment est donc de vendre l’électricité au moment où elle est la plus chère et acheter au plus bas.
Ce mode de fonctionnement va permettre de supprimer les pics et les creux, un peu comme la SNCF essaie de lisser la fréquentation de ses trains, pour le plus grand bonheur du gestionnaire de réseau, qui va ainsi voir ses frais de fonctionnement très largement fondre, de plus de 20% selon une étude du Rocky Mountain Institute.