Source : Etude complète Heuler Hermes
À l’heure de la COP22, l’investissement mondial dans les énergies renouvelables culmine à un niveau record, malgré la faiblesse du prix du pétrole ; le solaire et l’éolien sont-ils les principaux gagnants ?
Le débat sur les énergies renouvelables tourne généralement autour de leur capacité à générer de l’électricité. Elles représentaient l’an passé 35% seulement de la production d’électricité en Europe (en GWh) contre 13% aux États-Unis, tandis que les combustibles fossiles représentaient 38% en Europe contre 68% aux États-Unis. Il est toutefois probable que ces parts de marché augmentent, car les investissements mondiaux dans les renouvelables devraient continuer de croître, malgré la faiblesse durable et continue des prix des ressources fossiles.
En d’autres termes, les énergies renouvelables ne doivent pas être considérées comme un substitut au pétrole. Le pétrole raffiné étant incontournable pour les transports, mais bien moins comme source de production d’électricité, les énergies renouvelables et le pétrole sont complémentaires. Les investissements dans les énergies renouvelables, tous types confondus, ont augmenté de +10% en moyenne annuelle depuis que le prix du pétrole s’est effondré de -60% (2014), et ont atteint en 2015 un niveau historique de 286 Mds USD.
Cette tendance globale cache toutefois des évolutions différentes selon le type d’énergie. Les investissements se sont concentrés sur les énergies éoliennes et solaires, s’élevant respectivement à 110 Mds USD (+80% par rapport à 2007) et 161 Mds USD (+313%) en 2015. Les investissements dans d’autres types d’énergies renouvelables, comme les biocarburants, la biomasse ou l’hydraulique, ont pris du retard ces huit dernières années. Entre 2008 et 2015, ils ont reculé de -15% en moyenne annuelle, représentant ainsi moins de 6% des investissements annuels dans les renouvelables tous types confondus. Par ailleurs, en 2015, ils ne dépassaient pas les 20 Mds USD. Le développement de ces trois autres types d’énergies renouvelable stagne depuis le début de la décennie. Les biocarburants se remettent difficilement de l’éclatement de la bulle du marché en 2008. Une situation qui les a ramenés à leur niveau de la décennie précédente, quand les cours des matières premières agricoles étaient à un niveau record (cf. graphique 3). Avec le prix très élevé de ces dernières, les investissements dans les biocarburants durables ont plongé de -11% en moyenne annuelle entre 2005 et 2015. Depuis le début de la décennie, le secteur de la biomasse durable est moins résistant, d’où un recul des investissements de -3% en moyenne annuelle de 2005 à 2015. Le problème de l’hydraulique est simple : il ne reste que peu de sites dans le monde où de nouveaux barrages peuvent être construits. De plus, l’approvisionnement en eau est un enjeu majeur, et une source de querelles politiques, voire de conflits entre pays. C’est la raison pour laquelle les nouveaux investissements dans l’hydraulique ont baissé de -6% en moyenne annuelle de 2005 à 2015.