Depuis le 5 décembre, le mouvement social contre la réforme des retraites a beaucoup fait parler de lui. Que ce soit dans le domaine des transports ou dans le domaine de l’énergie et de la pétrochimie, la grève a eu un impact majeur dans la vie quotidienne des citoyens. Coupure de courant, blocage de des raffineries, baisse de la production d’électricité : les travailleurs de l’énergie se sentent lésés, les consommateurs aussi. Plus personne ne se retrouve dans le système énergétique français tel qu’il est aujourd’hui. Mais alors, comment repenser le modèle ? L’équipe de Comwatt vous présente sa solution.
Indispensable au quotidien, l’électricité est un produit dont le prix augmente en flèche. En effet, en 12 ans le prix de l’électricité en France a fait un bond de 47% et ils devraient encore augmenter en 2020. Le tarif réglementé de vente de l’électricité pratiqué par EDF ne fait que monter alors que EDF perd de l’argent, pourquoi ? L’explication vient du mécanisme de l’ARENH (accès régulé à l’énergie nucléaire historique). Ce dispositif oblige EDF à vendre à ses concurrents sur le marché français jusqu’à 100 TWh d’électricité nucléaire à 42€/MWh, soit à perte pour EDF car son prix de revient moyen est de l’ordre de 65€/MWh (voir le document de la cours des comptes). Cette année, le plafond de l’ARENH étant dépassé, les fournisseurs d’énergie devront très certainement se fournir sur les marchés de gros européens, où l’électricité est plus chère.
L’électricité étant de plus en plus chère, on pourrait penser que les travailleurs de l’énergie en sont les principaux bénéficiaires. Cependant, aux vues des revendications de ces derniers mois, il s’avère que non. Ces sommes destinées à être investies dans le nucléaire. La dette d’EDF est estimée à plus de 40 milliards d’euros et le coût du grand carénage n’est guère plus encourageant : 100 Mds€. C’est sans compter les retards et allongements de budgets qui n’en finissent plus de l’EPR de Flamanville. Budgété à 3 Mds€ avec une ouverture initialement prévue en 2010, le réacteur de dernière génération aura couté plus de 11 Mds€ et devrait ouvrir ses portes en 2022, faute de nouveaux retards. L’énergie nucléaire coûte donc de plus en plus cher aux consommateurs sans que les salariés de l’énergie en voit les fruits. A l’inverse les énergies renouvelables sont de plus en plus rentables comme le montrent le « Levelized cost of Energy » de la banque Lazard. Sans subvention un MWh d’énergie solaire coûte 40 $ à produire en 2019 quand 1 MWh d’énergie nucléaire revient à 155 $.
Mais difficile de se faire entendre pour les salariés de l’énergie. Lorsque ces derniers se mettent en grève, les baisses de production des centrales nucléaires ont un impact peu visible pour les consommateurs. Pour y pallier et ne pas risquer le black-out, la France est obligée d’importer de l’électricité des pays voisins, souvent produite à partir de combustibles fossiles. Ces derniers, rejetant beaucoup de CO2, contribuent largement au réchauffement climatique et le prix de cette électricité importée est au final, toujours payée par le consommateur. Pas d’avancée pour le consommateur, pas d’avancée pour les salariés.
Afin d’être entendus, certains syndicats ont donc ces derniers jours procéder à des actions plus visibles comme des coupures de courant, par exemple. Comme l’explique la CGT de RTE, « on considère que ce n’est pas de la malveillance. C’est une façon pour les salariés de RTE de montrer que s’il y a de l’électricité dans ce pays, c’est parce qu’ils sont au travail tous les jours ». D’autres ont préféré la manière douce en opérant un “basculement en heures creuses pour 80.000 clients particuliers” à Lyon, le 11 décembre, leur permettant de payer moins cher, l’espace de quelques heures, leur électricité.
Mais cette grève ne pourra être bénéfique ni pour les travailleurs ni pour les consommateurs, si elle conduit à rester sur un modèle énergétique français à l’ancienne. Il est grand temps de passer à une alternative !
La libéralisation du marché de l’énergie devait permettre aux Français de bénéficier d’une énergie à moindre coût mais il n’en est rien. Plus de 10 ans après l’électricité reste plus chère pour les consommateurs. Mais le problème ne réside pas dans l’ouverture à la concurrence mais plutôt dans la manière dont elle est faite. En effet, malgré l’ouverture à la concurrence, le modèle français de l’énergie, conformément à la tradition jacobine française, reste très (trop) centralisé : centralisé autour de l’énergie nucléaire qui représente encore 71% de notre mix énergétique et centralisé autour d’un tarif réglementé dont les fournisseurs alternatifs ne peuvent se passer.
Pourtant la France a tout à gagner à passer à un modèle plus résilient, plus décentralisé : en somme plus démocratique. Pour Comwatt, cela ne peut résider que dans l’autoconsommation solaire. En installant des panneaux photovoltaïques sur leurs toits, les consommateurs français pourraient devenir plus indépendant de l’énergie nucléaire. Producteurs d’électricité, ils pourraient alors se fournir en électricité et fournir de l’électricité à leurs voisins. Cela présente plusieurs avantages pour eux :
Pour les travailleurs de l’énergie, l’électricité solaire est également une opportunité. En effet, les centrales nucléaires sont amenées à fermer tôt ou tard. Afin de se maintenir, EDF, le fournisseur historique à tout intérêt à former ses salariés sur l’autoconsommation solaire pour les requalifier dans des métiers durables. Si l’autoconsommation solaire fait preuve d’avantages économiques et écologiques indéniables, elle a besoin pour fonctionner de nombreux techniciens, ingénieurs, commerciaux. Elle est donc source d’emploi local. Mais elle ne pourra être déployée à 100% qu’à condition de voir émerger des solutions d’équilibrage à grande échelle (voir cet article “Quels sont les besoins de stockage pour permettre l’autoconsommation ?” ). L’énergie renouvelable étant fluctuante, il faut pouvoir ajuster en temps réel l’offre et la demande afin de pouvoir y avoir recours toute l’année. En investissant dans l’internet de l’énergie, la France pourrait développer des dispositifs d’avenir en matière de stockage.
Le modèle énergétique français ne convient plus à personne, ni aux salariés du secteur, ni aux citoyens-consommateurs. C’est pourquoi, chez Comwatt, nous pensons qu’il est temps de s’engager dans une autre voie, celle d’un système plus résilient : l’autoconsommation solaire. Plus écologique, ce modèle apparaît plus bénéfique sur le long terme pour tous en termes de pouvoirs d’achat comme d’emploi. La balle est donc dans le camp de l’Etat, encore actionnaire majoritaire d’EDF. Reste à savoir si il aura le courage d’entamer ce changement !