Pour leur troisième rendez-vous, les 150 Français tirés au sort pour plancher sur l’avenir de la politique climatique de la France ont voulu entendre l’ancien ministre de l’Écologie lors de la convention citoyenne du 15 Novembre 2019.
Nous vous retranscrivons certains passages clés qui permettent de comprendre son changement de position envers le nucléaire et en faveur des énergies renouvelables.
Sur le plan énergétique, il y a une priorité qui doit dépasser tout le reste
C’est d’ailleurs la France qui s’y est engagée dans sa loi. C’est de réduire notre consommation. C’est une priorité pourquoi ? Parce que c’est double bénéfice :
- d’abord nos petites moyennes entreprises sont très forts dans le domaine de l’efficacité énergétique
- quand vous permettez a une entreprise ou un citoyen de réduire durablement sa consommation, vous le préserver durablement des variations de prix
Quel que soit le modèle énergétique, il faut réduire une consommation. Tout le monde est d’accord là dessus. Mais pour réduire une consommation, il faut investir. Il faut un plan Marshall. Il est dit qu’il faudrait rénover 500 000 passoires thermiques chaque année. J’entends ça de tous les gouvernements. Mais il faut donner les moyens à ceux qui n’en n’ont pas de le faire.
Par exemple, au moment d’un changement de propriétaire, la rénovation thermique d’un logement devrait être obligatoire parce que vous ne pourrez plus louer le logements qui soient des passoires thermiques.
Vous avez des propriétaires qui sont précaires. Vous pouvez les identifier et éventuellement vous leur donné la collecte de la taxe carbone. C’est là qu’il faut cette planification. C’est là qu’il faut une méthode.
Mais si vous mettez un objectif sans identifier les gens qui sont dans l’impasse et que vous ne mettez pas les moyens, le gouvernement refait les mêmes promesses puis on recrée les mêmes désillusions.
La question des énergies renouvelables
J’y crois ; non pas parce que j’ai rencontré madame Irma, mais parce que j’ai vu la promesse présentes et à venir du potentiel des énergies renouvelables. Il faut que l’on se donne deux objectifs.
Premier objectif : 50 % d’énergie renouvelable 50% de nucléaire
En France, on ne ferme pas une centrale comme ça, mais nous avons fixé un objectif de 50% en 2035. Il faut programmer pour le faire parce que ça veut dire qu’il faut accompagner de manière sociale ces changements.
Deuxième objectif : 100% renouvelable
Quand on sera à 50%, en 2035 on va y voir très clair et on verra si on peut aller plus loin, je suis convaincu qu’on peut aller jusqu’à 100% d’énergies renouvelables.
Quel est l’intérêt pour moi de produire son énergie à partir des énergies renouvelables qui est un Graal totalement possible ?
Vous changer le rapport de force dans le monde. Aujourd’hui les Etats détiennent des réserves d’énergies fossiles et la majorité des conflits auxquels nous avons assisté, le pétrole, le gaz, le charbon n’est jamais très éloignée.
Quand il y a eu la crise en Ukraine, pourquoi la France a regardé ses pompes parce que si on hausse la voix Gazprom ferme le robinet du gaz mais ce qui vaut pour la France vaut pour un état africain.
L’handicap des énergies renouvelables et les avantages du nucléaire se sont totalement inversés :
- Le nucléaire était bon marché parce que nous avons dissimulé des coûts que nous avons masqué ou que nous n’avions pas anticipé
- Le coût des énergies renouvelables a chuté vertigineusement en même temps que le rendement s’est avancé.
Si on veut emmener les gens, il faut avoir une vision. Il faut avoir une ambition et se projeter à 5 ans et s’y tenir. Il faut un objectif de 100 % d’énergie, un objectif de 100 % d’agroécologie et puis après, il faut mettre en place les règlements, les aides, les subventions en cohérence avec les objectifs.
Pour moi, le moyen le plus prometteur, c’est le solaire. Je sais bien que l’éolien puisse générer parfois des résistances. Il faut comprendre que le politique est souvent sous le feu des injonctions contradictoires. J’étais ministre de l’énergie. Tous les matins j’avais une pétition de citoyens qui étaient contre le nucléaire ou contre le solaire ou contre les éoliennes ou évidemment contre les centrales thermiques.
Parfois c’est pas des choix parfaits c’est vrai. Ça me gêne intellectuellement qu’on aille mettre des éoliennes en mer mais il y a un moment où il faut faire des choix. Et puis c’est pas irréversible, on saura la démonter. Maintenant les éoliennes flottantes seront facilement démontables donc il faut passer par cette transition. Il y a des choses qui vont apparaître. Je crois beaucoup en l’hydrogène mais pour l’instant il n’est pas encore mature économiquement.
On donne aux énergies fossiles en subventions l’équivalent me semble-t-il de 50 milliards à 500 milliards de dollars chaque année. Nous devrions pouvoir le mettre dans l’éducation, dans la santé… que sais-je ?