Pour leur troisième rendez-vous, les 150 Français tirés au sort pour plancher sur l’avenir de la politique climatique de la France ont voulu entendre l’ancien ministre de l’Écologie lors de la convention citoyenne du 15 Novembre 2019.
Nous vous retranscrivons certains passages clés qui permettent de comprendre son changement de position envers le nucléaire et en faveur des énergies renouvelables.
Sur le nucléaire en général, j’ai été plus nuancé au départ. Maintenant, je me suis fait une religion absolue
D’abord parce que j’ai acquis un certain nombre d’informations de l’intérieur en tant que ministre d’Etat en charge de l’énergie qui ont conforté mon avis.
Je pense que c’est une technologie d’hier et qui devrait le rester mais qu’on peut garder un temps, le temps de faire émerger les énergies renouvelables qu’il faut privilégier.
- parce qu’elles sont prêtes
- qu’elles peuvent être mis en oeuvre rapidement
- qu’elles peuvent être mis en oeuvre localement
- qu’elles peuvent déconcentrer la production d’énergie
Je crois en cette vision très inspirée de quelqu’un qui s’appelle Jérémy Rifkin : à terme les immeubles, les quartiers, les maisons, les régions produiront leur propre énergie sur place.
Le modèle nucléaire est un modèle très sophistiqué. Je ne suis pas sûr que les pays en voie de développement puissent y accéder eux demain.
Pourquoi ai-je ainsi révisé l’opinion que j’avais sur le nucléaire ? (oui… avant Nicolas Hulot était pro-nucléaire)
Il y avait un certain nombre de paramètres en faveur du nucléaire :
- 1) le coût : mais en fait aujourd’hui on ne maîtrise plus aucun coût dans le secteur nucléaire
- 2) l’indépendance énergétique de la France. Les matériaux fissiles. Il fut un temps pouvait aller les chercher n’importe où en laissant des miettes ce temps est révolu on n’est pas du tout sûr de pouvoir sécuriser
C’est surtout sur un critère philosophique que je suis devenu totalement contre le nucléaire. Cela ne veut pas dire qu’il faut en sortir demain matin. Il faut le programmer. Et parce que y’a des gens, il y a des compétences derrière. Il faut un accompagnement social.
Je pense qu’une société doit accepter de prendre des risques si elle veut avancer. Mais à la seule condition que si elle fait une erreur, et donc qu’il y a la réalisation d’un risque et les conséquences d’un risque, il faut que les conséquences soient limitées dans le temps et dans l’espace.
Je vais faire un parallèle. Vous vous souvenez de l’accident à Toulouse d’AZF ? Il y a eu des victimes, des millions d’euros de dégâts, mais le truc est terminé maintenant. Je pense qu’on a tiré des leçons mais on a contenu le phénomène.
Mais à Fukushima ou à Tchernobyl, pendant que l’on parle, les réacteurs continuent à fonctionner. On continue à déverser des milliers de mètres cubes d’eau radioactives dans le Pacifique. On fait des sarcophages pour étouffer le réacteur mais la catastrophe n’est pas terminée.
Nos déchets nucléaires, comme on ne sait pas quoi en faire, la seule solution qu’on ait trouvé c’est de les mettre sous terre. Je ne dis pas que c’est forcément très risqué. Mais c’est pas la conception que je me fais d’une civilisation, quand on sait pas quoi faire des choses ou quand on les reporte aux générations futures.
Je crois vraiment aux énergies renouvelables : un mix énergétique avec les réseaux intelligents. Et je pense surtout que les pays en voie développement, c’est de ça dont ils ont besoin parce qu’elles sont beaucoup plus rapidement déployables que d’autres technologies. On pourra répondre à leurs besoins élémentaires d’énergie dont dépend l’accès à des besoins vitaux.