Dans une interview parue dans le Point, Yves Bréchet, ancien haut-commissaire à l’énergie atomique a lancé un “cri d’alarme” à propos de l’industrie nucléaire. Si nous ne partageons pas le point de vue d’Yves Bréchet, chez Comwatt nous sommes d’accord sur un point : au vu des enjeux environnementaux et économiques, il est grand temps de tirer la sonnette d’alarme sur le nucléaire !
C’est en tout cas ce que veut croire l’ancien haut-commissaire. Pourtant, dans le contexte actuel, difficile de croire que l’atome soit aujourd’hui un “fleuron” de notre industrie. D’un côté, le parc est vieillissant et chaque jour plus dangereux et plus coûteux. De l’autre, l’EPR de Flamanville apparait comme un fiasco industriel. Retards multipliés sur le calendrier, allongements de budget, le réacteur de nouvelle génération n’est pas prêt de voir le jour…
Pourtant, nous ne le nions pas, le nucléaire a été une innovation majeure. La construction des centrales, a été, à l’époque, une prouesse technologique. Economiquement, l’atome a également été le choix de la raison. Pour pallier les envolées des prix du pétrole et du gaz, la France s’est appuyée sur l’énergie nucléaire. Elle a permis à la France, dans les années 70, de gagner en indépendance. Elle a offert au consommateur des prix stables et un formidable accès à l’électricité. Oui, Le nucléaire a été un fleuron de l’industrie française dans le passé. Mais, au même titre qu’à pu l’être le minitel et le charbon en sont temps…
En effet, il n’est pas possible de comparer la France des années 70 et la France aujourd’hui. Bien entendu, 71% de notre électricité est encore produite par les centrales nucléaires et il ne serait pas possible, au sens littéral, de fermer tous les réacteurs dès demain. Mais il convient d’ouvrir les yeux sur l’état actuel du nucléaire : compte tenu des enjeux environnementaux et économiques, l’atome n’est pas une solution d’avenir.
Pourquoi ne peut-on pas considérer le nucléaire comme une solution d’avenir ? Simplement car la transition énergétique, pour être réelle, repose sur trois volets :
Le nucléaire ne peut donc y répondre. S’il ne produit effectivement que peu de CO2, il témoigne d’un impact désastreux à court terme sur la flore et la faune à proximité des centrales. Il réchauffe les cours d’eau menaçant franchement la biodiversité locale.
En outre, le nucléaire reste un secteur dangereux. Au vu des accidents comme celui de Fukushima, le nucléaire pose effectivement un vrai question de surêté. Dire que le “nucléaire tue 1 700 fois moins que le charbon, 350 fois moins que le pétrole et 4 fois moins que le solaire ou l’éolien, si l’on compte les chutes lors de la pose et de l’entretien” reste un raisonnement par l’absurde. Jamais une erreur de maintenance sur un panneau solaire ou une éolienne n’a conduit à mettre en danger la population de villes entières !
La gestion des déchets reste elle aussi problématique et synonyme de danger pour les générations à venir. Nul ne sait ce qu’adviendront les déchets enfouis dans la mer et dans les sols. Nul ne sait quels seront les impacts de ses déchets sur la planète ou sur la santé humaine. Sans compter qu’encore aujourd’hui, la Société Française d’Energie nucléaire avoue que certains déchets restent “dans l’attente de solution de stockage pérenne”.
Au niveau économique, le secteur n’en reste pas moins périlleux. Pour Yves Bréchet, “l’énergie nécessite de se projeter dans trente ans”. Pour nous, il s’agit de se projeter beaucoup plus loin. Nous ne pouvons construire des infrastructures gigantesques et hors de prix, comme un EPR, pour laisser le soin à nos enfants demain de le démanteler. 30 ans, 40 ans, 60 ans, c’est bien trop peu à l’échelle du monde. Nous devons opter pour des solutions plus pérennes.
Il est donc grand temps de passer à un nouveau modèle et de s’affranchir du nucléaire. Rien qu’au sens littéral, le nucléaire ne peut être l’énergie de la transition énergétique. En effet, la transition est bien le fait de passer d’une situation A à une situation B. Continuer avec le nucléaire, c’est rester dans la situation A. C’est donc faire perdre tout son sens à la transition énergétique, dont nous avons tant besoin.
La transition énergétique devra donc reposer sur les énergies renouvelables. Innovants, les éoliennes et les panneaux solaires répondent à un besoin individuel, celui de la fourniture en énergie, mais aussi plus global de réduction des émissions de gaz à effets de serre. Mais la véritable révolution proposée par les énergies renouvelables et notamment l’énergie solaire est de redessiner le fonctionnement le marché de l’énergie.
Aujourd’hui très (voire trop) centralisé, le marché de l’énergie entame une nouvelle ère de fonctionnement. En effet, nous ne le dirons jamais assez : l’indépendance énergétique ne pourra se faire au niveau d’un pays. Elle doit s’organiser par et pour le citoyen, autour de lui. C’est là le formidable avantage de l’autoconsommation solaire. Chacun à son échelle peut devenir producteur d’électricité. Chacun à son échelle peut consommer, donner ou revendre son énergie. Un moyen incroyable pour les consommateurs de reprendre la main sur le marché de l’énergie en France.
Ce nouveau modèle n’est pas une vue de l’esprit, il correspond au sens de l’histoire. Il est d’ailleurs partagé par bon nombre d’acteurs de l’énergie dont l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Pour elle, d’ici 5 ans, 100 millions de toits seront équipés de panneaux photovoltaïques à travers le monde.
Les énergies renouvelables en général et l’autoconsommation en particulier, sont aujourd’hui des moyens de produire de l’électricité bien moins chère et sans risques pour l’environnement. Le dernier frein était le problème de la fluctuation de la production, et ce point vient d’être réglé par le formidable déploiement de l’internet de l’énergie et du stockage associé (voir cet l’article : La vérités sur les Impacts de l’autoconsommation sur les réseaux). Plus rien ne peut maintenant ralentir les énergies renouvelables.
Il faut rendre à “César, ce qui appartient à César”, le nucléaire a eu sa raison d’être. Mais aujourd’hui, la folle course à l’atome n’a pas de sens. Le futur du nucléaire, sous les traits de l’EPR a un prix. Et ce seront les générations futures qui devront s’acquitter de la facture économique et environnementale. Il appartient donc aux acteurs politiques et de l’énergie de s’engager durablement dans la transition énergétique. Cherchons à développer l’autoconsommation. Cherchons à développer le stockage de l’électricité. Proposons aux citoyens de demain des solutions pérennes et sûres !